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Gazette-de-Fribourg / FG

Quand le quartier d’Alt accueillait la première piscine de la ville

VU AILLEURS Alors que le projet de bassin couvert ressort enfin la tête de l’eau à Fribourg, replongeons dans le passé. Dans le dernier numéro de «Mon quartier», le journal de l’Association du quartier d’Alt, l’historien Alain Bosson rappelle l’existence, entre 1888 et 1918, de la première piscine publique de la ville: les Bains du Boulevard ou Bains Galley.


«Cette fois c’est sûr, Fribourg construira une nouvelle piscine à Saint-Léonard», a annoncé «La Liberté» dans son édition du 11 décembre 2024. «Après avoir étudié plusieurs variantes, y compris plus petites, la capitale cantonale opte pour un bassin de 50 mètres et huit lignes d’eau sur le site de Saint-Léonard. Au plus tôt en 2032», précisait le quotidien fribourgeois.


Quelques jours plus tôt, le journal «Mon quartier» racontait, sous la rubrique «Quand les images racontent le quartier d’Alt d’autrefois», l’histoire des Bains du Boulevard – ou Bains Galley, du nom de leur fondateur et exploitant Léon Galley, un maître de gymnastique décédé en 1922 qui encouragea inlassablement la pratique du sport à Fribourg durant toute sa vie et fut un pionnier de la Société pour la protection des intérêts du quartier d’Alt, ancêtre de l’association actuelle. Bains du Boulevard inaugurés le 24 juin 1888

«Cet établissement fut la première piscine publique de la ville de Fribourg, et c’est dans ces bassins que les Fribourgeois et les Fribourgeoises de la Belle Époque ont appris à nager», écrit l’historien Alain Bosson dans son article. Au bénéfice d’une souscription publique qui rencontre un vif succès, les Bains du Boulevard sont officiellement inaugurés le 24 juin 1888. Pas moins de trois cents baigneurs sont présents!» D’après les recherches de l’historienne Laurence Perler, citée par Alain Bosson, l’eau de la piscine provenait du réservoir du Guintzet mais aussi des eaux de l’étang du Boulevard, qui existait encore. Au moment de l’ouverture des bains, notre quartier n’existait pas encore sous son aspect actuel. «Les journaux fribourgeois de l’époque nous donnent parfois quelques indications amusantes, poursuit l’historien. En date du 9 septembre 1888, le journal du Confédéré de Fribourg, nous apprend que la température de l’eau est de 21°. Certains diront qu’elle était bonne!»

Comme on peut le découvrir par les deux photographies anciennes de Prosper Macherel (voir ci-dessus), la piscine et ses cabines longeaient la rue Grimoux, côté cour. «Sur le premier cliché, explique Alain Bosson, on reconnaît au fond la maison de la Rue Marcello 2, à l’angle de cette rue avec la rue Grimoux. À côté, un trou… C’est que la rue Marcello n’est que partiellement construite à ce moment-là. Si on observe attentivement la deuxième image, en regardant au fond à droite, on se trouve à l’arrière de l’actuelle rue Joseph-Piller, à l’avenue de Rome comme on disait alors. «C’est là que se trouvait l’entrée des bains, à peu près à l’emplacement des bâtiments de l’Édilité. On reconnaît, bien sûr, l’arrière de la rue Grimoux, avec son alignement complet de bâtiments, ceux que l’on connaît aujourd’hui, ce qui nous permet de dater le cliché aux alentours de 1906-1908, mais pas avant.» La mixité était proscrite moyennant des horaires différenciés

En septembre 2011, à l’occasion du centenaire de l’Association pour la défense des intérêts du quartier d'Alt, «La Liberté» consacrait un article aux Bains Galley, soulignant au passage qu’à l’époque l’actuelle rue Joseph-Piller s’appelait boulevard de la Porte-des-Etangs. «Les étangs en question, qui bordaient le secteur, avaient été comblés en 1861 déjà pour permettre l’essor du bâti hors des vieux remparts médiévaux», y lit-on, sous la plume de Marc-Roland Zoellig.


Et le journaliste de relever qu’en 2002, dans la revue «Pro Fribourg», Eva Kleisli était elle aussi revenue sur l’histoire des Bains du Boulevard. La mixité y était proscrite, moyennant des horaires différenciés permettant d’éviter «toute promiscuité jugée périlleuse pour la morale». Deux bassins – dont un réservé aux non-nageurs, équipé d’engins de gymnastique développant la force, l’équilibre et la souplesse – accueillaient les baigneurs. Pratiquer une activité aquatique était alors considéré comme propice à «calmer les nerfs» et «apaiser les tempéraments surexcités». Un prix d’entrée cher pour certaines bourses A en croire le journal «Mon quartier», l’exploitation des Bains du Boulevard fut difficile tant sur le plan financier qu’hygiénique. Le prix d’entrée était semble-t-il cher pour certaines bourses et l’exploitant est rapidement confronté à l’envahissement du sol sablonneux par de longues herbes, qui s’enroulaient autour des jambes des baigneurs et les entraînaient vers le fond. «Devenu vétuste en 1916, l’établissement n’obtint pas l’aide de la ville pour une remise en état. Bientôt fermés, puis démantelés, les bains fermeront leurs portes deux ans plus tard, conclut Alain Bosson. C’est en 1923 qu’un nouvel établissement bien connu et apprécié de tous les habitants de la ville voit le jour: les Bains de la Motta. Mais ça, c’est une autre histoire.»


Construction des Bains de la Motta en 1923. © Fonds recensement des biens culturels Fribourg

Pour rappel, la piscine extérieure actuelle située à la Neuveville, en contrebas du funiculaire et du terrain du FC Central, a fêté son centenaire l’an passé par toute une série d’événements. «La Motta n'est pas une piscine comme les autres, peut-on lire sur le site web de la Ville de Fribourg. Son architecture, sa vue imprenable sur la vieille-ville, ses vestiaires à l'ambiance si particulière en font un lieu unique. Le jeune ingénieur Beda Hefti y a fait ses premières expériences avant de participer à la construction de nombreuses autres piscines en Suisse.»

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