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Le Crazy Club cherche à redonner un nouveau souffle à l’ancien Macumba

Dernière mise à jour : 20 avr. 2023

Le dancing du Schoenberg, inauguré il y a 40 ans, a rouvert ses portes en février. Ses nouveaux exploitants ont changé le nom et remis les installations aux normes pour relancer la machine. «Fribourg mérite une vraie discothèque», estiment Marta Duarte et Pedro Serra. Depuis la disparition du Select en 1997, du To See en 2010 ou encore de l’éphémère FMRA de la rue Saint-Pierre à la fin des années 2000, rebaptisé Spirit avant de céder sa place au Laser District en 2011, la ville ne propose plus de boîte de nuit avec un dancefloor digne de ce nom.

«Notre envie est de redonner une vraie boîte à Fribourg, de faire que les fêtards d’ici ne sortent plus ailleurs et même d’attirer une clientèle de l’extérieur. En tout cas, on fait tout pour ça», confie Pedro Serra. «L’idée est que tout le monde s’ambiance bien chez nous. Nous souhaitons mélanger les clients de toutes les générations. Dans la nuit et le délire, tout le monde s’entend», enchaîne Marta Duarte, son épouse. Le jeune couple vient de reprendre l’ancien Macumba, au Schoenberg, qu’il a rebaptisé Crazy Club pour repartir sur de nouvelles bases.

En 40 ans d’existence, la discothèque de la route de Tavel, près de l’OCN, a vécu des hauts mais aussi des bas. «Pendant des années, cela a par ailleurs été un club très fermé, réservé aux Albanais. C’était différent, on y dansait main dans la main et on y buvait peu d’alcool, explique Pedro Serra. Nous voulons tourner cette page, redonner une nouvelle image à cet endroit.» Les repreneurs ont investi environ 100'000 francs pour remettre les installations aux normes, refaire la ventilation du fumoir ou encore rajeunir le light-show. Près de 170 personnes sont venues faire la fête lors de l’ouverture Pour faire connaître le Crazy Club, le couple de gérants a déjà ouvert un site internet ainsi qu'un compte Instagram et une page Facebook. Ils peuvent aussi compter sur un large réseau de connaissances. «Pour l’instant, nous accueillons forcément une majorité de Portugais. A la longue, nous espérons toutefois diversifier la clientèle. Dans ce but, nous proposons d’ailleurs des soirées à thème pour tous les âges et tous les goûts.» Dans un premier temps, «en attendant que le bouche-à-oreille fasse son effet», l’endroit qui bénéficie de la patente D n’est ouvert que les vendredi et samedi, de 23h jusqu’à 6h du matin, lorsque le public répond à l’appel.

Par la suite, si ça marche bien, les jours d'ouverture seront peut-être étendus. Dès que possible, la sortie de secours sera en outre élargie pour obtenir l'autorisation d’accueillir plus de clients à la fois – «300 au lieu de 200 actuellement». Lors de la soirée d’inauguration, le 18 février 2023, entre 160 et 170 personnes sont venues faire la fête à la route de Tavel 17. «Bien sûr, sur une surface de quelque 400 m2, cela peut paraître parfois vide malgré le monde, mais c’est déjà un bon début», considère le jeune gérant (photo ci-dessus). «Nous n’avons pas peur de bosser pour atteindre nos objectifs. Nous avons déjà mené de sacrées batailles et nous sommes donc confiants; ça va marcher!»

Un grand parking de 80 à 90 places à disposition A côté de la discothèque, Pedro et Marta travaillent tous deux à 100%. Madame dans son institut de beauté, monsieur pour une entreprise d’installations sanitaires du Grand Fribourg. Ensemble, ils ont tenu pendant une douzaine d’années le centre portugais de Fribourg, d’abord installé à la route Saint-Nicolas-de-Flüe, avant de déménager à la route d’Englisberg, à Granges-Paccot. «Parallèlement, nous avons également exploité durant trois ans la pizzeria Al Capone, à Villars-sur-Glâne, pour la relancer.»

Il y a un moment que le couple songeait à se lancer dans le monde de la nuit. Une opportunité sur Pérolles leur ayant finalement passé sous le nez, malgré des pourparlers prometteurs, ils ont jeté leur dévolu sur l’ancien Macumba. «Un de ses atouts est le parking de 80 à 90 places que le restaurant voisin (NDLR: la pizzeria Da Vinci) n’utilise plus lorsque nous ouvrons dès 22 heures», souligne Pedro. L’entrée est gratuite jusqu’à minuit. Ensuite, elle coûte dix francs qui servent essentiellement à payer le personnel: les serveuses, le DJ ou encore les deux agents de sécurité (trois lors de soirées spéciales) qui sont notamment chargés de faire respecter strictement le règlement d'accès affiché sur la porte de l'établissement. Derrière le bar, un espace VIP est dédié à ceux qui veulent consommer leur boisson un peu à l'écart de l'agitation de la piste de danse. De plus, un Photomaton est à disposition des fêtards qui veulent immortaliser leur passage au Crazy Club.


L’un des maillons à l'époque d’une chaîne internationale de 23 clubs


Le Macumba fête ses 40 ans cette année. Lors de son ouverture, à la veille du Nouvel An 1983, le «club des clubs» faisait sa promotion dans les pages publicitaires de «La Liberté» en ces termes: «Après Los Angeles, San Francisco, Toronto, Bordeaux, Nantes, Lille, Saint-Julien-en-Genevois (près de Genève) et Madrid, c’est à votre région que le Macumba entend apporter aux loisirs nocturnes leurs lettres de noblesses», écrit la chaîne internationale, lancée en 1973 à Mérignac, près de Bordeaux.

Sur le même modèle, avec une architecture arrondie et un bar elliptique, 23 discothèques seront construites dans le monde, dont la plus grande de France à Neydens (près de Saint-Julien-en Genevois), en Haute-Savoie. Ouverte en 1977, cette cathédrale de la danse a fermé ses portes en 2015. En 38 ans, la boîte de nuit aura accueilli des millions de noctambules sur ses plus de 6000 m2. Avec avec à son apogée jusqu’à 5000 personnes certains soirs de folie.

Même Diego Maradona y a fait un passage en 1988 A Fribourg, le Macumba est certes beaucoup plus modeste en taille mais il est à la pointe de la technique : «100'000 watts de light-show programmé par ordinateur et 5000 watts de puissance qui ont nécessité l’utilisation des dernières techniques digitales des plus grands studios mondiaux», vante l’annonce parue dans le quotidien fribourgeois.

Du temps de sa splendeur, le dancing du Schoenberg a même accueilli Diego Maradona le temps d’une nuit «mouvementée et tardive», racontent ceux qui en étaient. C’était le dimanche 8 mai 1988. Evoluant alors au Napoli (club avec lequel il a obtenu deux titres de champion d’Italie en 1987 et 1990) , le footballeur argentin avait atterri à Belp (BE), où il avait mangé dans une pizzeria du lieu, avant de poursuivre la soirée à Fribourg, au Macumba, avec trois de ses coéquipiers. «La Liberté» avait publié une photo le mardi suivant dans ses colonnes pour en témoigner.

Une discothèque dont l'histoire a parfois été relativement mouvementée


Dix ans après son ouverture, le Macumba était toutefois devenu une «boîte à castagne» et, après la faillite de ses exploitants, elle a été reprise fin 1994 par une nouvelle équipe qui s’est efforcée de relever le standing. D’abord comme discothèque tous styles, puis comme cabaret. Au moment de son départ, le patron italien admettait toutefois dans la presse «ne pas avoir eu toujours beaucoup de chance avec les directeurs qu’il avait mis en place». Rebaptisé par la suite Da Vinci, le dancing se fera toujours plus discret malgré sa patente D. Pendant des années, il a ainsi servi de club plus ou moins privé pour la clientèle albanophone.

Les archives nous rappellent juste qu'un vigile y a été blessé par balles, en mai 2003, dans des circonstances qui n'ont jamais pu être clairement établies. La dernière fois que l’on a reparlé dans les journaux du Macumba, sous son nom d’origine, c’est en juin 2019. Fin mars de la même année, la Direction de la sécurité et de la justice (DSJ) de l’Etat de Fribourg avait fait boucler l’établissement qui ne respectait pas les conditions strictes liées à l’obtention de sa patente D. Selon le quotidien alémanique «Freiburger Nachrichten», «il n'y avait souvent pas de videurs sur place et les gens fumaient. Une fois, les videurs n'ont pas laissé entrer les policiers.» L’exploitant avait fait recours mais, dans un arrêt, le Tribunal cantonal avait confirmé la décision de la DSJ.

Tout cela appartient au passé. Il revient désormais à Marta Duarte et Pedro Serra d'écrire un nouveau chapitre de l'histoire de ce club mythique du Schoenberg.





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