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Un leader mondial basé à Fribourg roule pour une mobilité plus propre

Dernière mise à jour : 17 sept. 2022

Spécialisée dans les solutions durables d’allégement, l’entreprise BComp emploie déjà 52 personnes sur le site de BlueFactory et elle cherche constamment à se développer. Ses composants brevetés, à base de fibres naturelles, ont déjà séduit Porsche et BMW, entre autres, dans le sport automobile. Contribuant à réduire les émissions de CO2, ils débarquent dans les véhicules de série.

«Pour combien d’entre nous le chiffre clé qui mesure le succès est encore le profit?» C’est par cette question posée devant un parterre de près de 700 chefs d’entreprise que Christian Fischer a commencé récemment, à Forum Fribourg, sa conférence tenue dans le cadre de l’assemblée générale de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg (CCIF). Ingénieur EPFL et Dr en Sciences des matériaux, Christian Fischer est CEO et cofondateur de Bcomp Ltd, une entreprise de haute technologie créée en 2011 à Fribourg et basée à BlueFactory qui roule pour une mobilité plus propre en rêvant déjà d’aérospatiale et même d’espace.

Volontairement provocateur, il ose remettre en question les théories de l’économiste américain Milton Friedmann (1912-2006), l’un des pères du capitalisme, selon qui «l’entreprise n’a qu’une responsabilité sociale, celle d’utiliser ses ressources et de mener des activités visant à maximiser ses profits (pour l’actionnaire) dans la mesure où elle respecte les règles du jeu, à savoir qu’elle livre une concurrence libre et ouverte sans escroquerie ni fraude». Chez Bcomp, par exemple, les investisseurs ont été écartés du conseil d’administration. «Nous mesurons les performances durables et pas seulement financières. Bien sûr, tout cela fonctionne si on gagne de l’argent», reconnaît le CEO de l’entreprise fribourgeoise qui recrute tous les mois. Sur son site web, on recense 11 offres d’emploi. «La décarbonisation est notre raison d’être» Aux yeux de Christian Fischer, qui est aussi enseignant en entrepreneuriat et en innovation (sur les matériaux composites notamment) dans différentes universités, une entreprise doit avant tout avoir une raison d’être. «La nôtre, qui est au centre de toutes nos préoccupations, c’est la décarbonisation en remplaçant les produits standards par nos composants», précise-t-il d’emblée. En moins de 12 ans, cette «start-up de garage», primée à plusieurs reprises, s’est imposée comme leader mondial dans le domaine des solutions durables d’allégement dans le domaine des sports et loisirs d’abord et de l’automobile désormais. Et elle vise toujours plus haut puisqu’elle entretient, depuis plusieurs années déjà, une collaboration avec l’Agence spatiale européenne (ESA). «Nous n’avons rien inventé, reconnaît modestement le CEO de Bcomp. De votre raquette de tennis à votre cadre de vélo, vous avez sans doute déjà eu entre les mains des produits allégés grâce à des fibres. Notre point fort est que nous filons et tissons des fibres naturelles, du lin déjà utilisé à l’époque par les Egyptiens, qui a des propriétés mécaniques très élevées.» Lors de l’assemblée générale de la CCIF, Christian Fischer a rappelé l’épopée de son entreprise de sa création en 2011 à aujourd’hui où les portes de la production de voitures de série commencent gentiment à s’ouvrir. Il a reconnu au passage que le soutien de la Promotion économique du canton de Fribourg, de Fri Up ou encore de Seed Capital Fribourg avait été précieux lors du démarrage du projet.

Tout a commencé avec des skis allégés «Au départ, avec mon associé Julien Rion (Ndlr: et un autre cofondateur, Cyrille Boinay, qui a quitté Bcomp entretemps), nous étions de jeunes chercheurs de l’EPFL qui ne se rendaient pas compte du chemin à parcourir pour mettre un nouveau produit sur le marché.» Tout a commencé avec le ski, se souvient ce passionné de montagne: «Après plusieurs mois de recherches dans un garage et de tests sur les pentes enneigées, l’équipe s’oriente vers l’utilisation de fibres naturelles – les fibres de carbone causant des problèmes de vibrations – et développe ainsi de nouvelles technologies pour les composites afin de produire des modèles plus légers que les skis traditionnels.»


Le ski, c’est aussi un choix stratégique au départ. «L’industrie des sports et loisirs est en effet un domaine beaucoup moins réglementé que l’industrie automobile par exemple et donc plus accessible. Elle permet aux entreprises qui ont soif d’innovation d’entrer plus facilement sur le marché», relève Christian Fischer. En pratique, Bcomp propose trois groupes de produits: bCores (noyaux structurels), ampliTex® (tissus) et bTubes (tubes). Les noyaux structurels bCores sont utilisés notamment dans la fabrication des skis. Il s’agit de bois de balsa ou de mousses de PET recyclé, combinés à un réseau de fibres composites, qui permettent «d’éliminer 30% du poids par rapport à des planches classiques». Cette technologie a séduit plusieurs fabricants, parmi lesquels Stöckli et Idris Ski. L’application des biocomposites à base de fibres de lin n’est toutefois pas réservés aux seuls férus de la glisse. Skateboard, vélo, planche de surf, raquette ou encore canne à pêche: la technologie a de multiples débouchés dans les domaines du sport et des loisirs. Du sport automobile aux véhicules de série Bcomp est entré ensuite progressivement dans le monde du sport automobile pour lequel elle a conçu des éléments de carrosserie ou d’habitacle. En collaboration avec Porsche, par exemple, l’entreprise fribourgeoise a développé un tout nouvel intérieur en composite de fibres naturelles hautes performances pour la Porsche 718 Cayman GT4 CS. La solution d'allègement de Bcomp remplace neuf pièces intérieures en fibre de carbone par des composants beaucoup plus durables qui permettent de réduire le poids de moitié et l’empreinte CO2 de 90% et qui aident également à minimiser les vibrations. «Là encore, il ne s’agit pas de volumes importants. Ce n’est pas en nous amusant dans le sport automobile qu’on va changer le monde, il nous faut désormais multiplier nos actions pour contribuer à une mobilité plus propre», admet Christian Fischer.

«Toutefois, s’empresse-t-il de préciser, de Seat à BMW en passant par Renault et Mercedes, la plupart des grandes marques possèdent un département sportif où elles testent des innovations qui leur permettront ensuite d’équiper les voitures de monsieur et madame Tout-le-monde. D’ailleurs, avec nos premiers clients, nous sommes actuellement en train de transférer nos composants du sport automobile vers les véhicules de série.» Pour ce faire, Bcomp – qui produit ses composites brevetés elle-même depuis deux ans alors qu’auparavant elle en sous-traitait la fabrication sous licence – a d’ailleurs procédé à une nouvelle levée de fonds d’environ 35 millions de francs auprès d’investisseurs comme Generali, Airbus, Porsche, BMW ou encore Volvo.

Collaboration avec le géant suédois Volvo «Pour ses modèles électriques, la marque suédoise a décidé de faire la part belle aux matières simples et naturelles», dévoile dans sa dernière édition la revue «Innovator», éditée par «The Red Bulletin». Pour remplacer le plastique dans l’habitacle, pour les pare-chocs et les revêtements de seuil, Volvo mise ainsi sur un matériau composite en lin, développé en collaboration avec l’entreprise Bcomp. Ce choix répond à l’objectif que le géant de l’auto s’est fixé pour 2030: «Devenir climatiquement neutre en ne produisant plus que des voitures électriques et en réduisant de 80% l’empreinte carbone totale de ses véhicules.» Premier concept illustrant cet ambitieux projet, la Volvo C40 Recharge intègre déjà toutes ces nouveautés. Le constructeur scandinave a annoncé l'an passé qu'il utiliserait 25 % du matériau biosourcé restauré dans tous les nouveaux véhicules d'ici 2025.



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