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Gazette-de-Fribourg / FG

«La formation est le moteur du développement économique local»

Dernière mise à jour : 26 sept. 2022

Jeudi soir, comme chaque année, la Ville de Fribourg a convié ses partenaires économiques à un moment de convivialité et d’échange à l’Aula Magna de l’Université. Un lieu parfaitement choisi pour parler de la formation et de son impact sur la cité. Près de 400 responsables d’entreprise avaient répondu à l’appel du Conseil communal présent in corpore.

Pour Thierry Steiert, Fribourg est la ville de la formation par excellence.

En ouverture de cette soirée, orchestrée par la déléguée au développement économique Alexandra Stadler-Büchler, le syndic Thierry Steiert a d’emblée relevé que Fribourg était «la ville de la formation par excellence». Et les chiffres lui donnent raison: dans cette cité de quelque 39 000 habitants, on recense ainsi 10 500 étudiants rien qu’au sein de l’Université, la seule bilingue de Suisse, sans oublier les cinq Hautes écoles, les trois collèges et les autres instituts de formation des degrés primaire et secondaire. «On le dit souvent: en ville de Fribourg, la moitié de la population est engagée dans la formation, comme élève ou étudiant ou dans l’enseignement et son encadrement», a appuyé le vice-syndic Laurent Dietrich.

«Cette présence très forte du monde de la formation contribue au rayonnement de la ville de Fribourg et constitue même l’un de ses principaux éléments identificateurs et un acteur économique de première importance», a souligné Thierry Steiert. «J’insiste sur cet aspect car les gens ont parfois une fâcheuse tendance à ne voir dans les institutions de formation qu’un générateur de coûts et pas une source de revenus. Cela dit, nous devons aussi offrir aux étudiants en fin de formation les conditions leur permettant de rester ici.»

«La proximité avec les entreprises est essentielle»

Aujourd’hui, comme l’a relevé le syndic de Fribourg, «la création de places de travail s’inscrit toutefois dans un contexte inédit, sous pression, avec une pandémie dont on ne sait toujours pas si elle est terminée, un changement climatique et comme si cela ne suffisait pas la guerre en Ukraine et une crise énergétique qui s’annonce.» La tâche des entreprises formatrices n’est donc pas aisée. Les autorités locales en sont conscientes.

Laurent Dietrich, vice-syndic de Fribourg.

«Avec une certaine logique, notre programme de nouvelle législature, qui ne néglige pas les enjeux liés au tissu économique, a par exemple pour trame de fond le développement durable et ses trois composantes, rappelle Laurent Dietrich. En tant que service public, le Conseil communal réaffirme sa volonté de dialogue, notamment grâce notre guichet unique et nos rencontres régulières. Il se veut résolument facilitateur pour la vie de tous les jours de nos entreprises. La proximité avec elles nous semble essentielle. N’hésitez donc pas à prendre contact avec notre déléguée économique!»

«L’Université contribue au rayonnement de Fribourg» Le décor étant posé, une table ronde modérée par le rédacteur en chef de «La Liberté», François Mauron, s’est efforcée de présenter une «vision à 360° autour de la formation». Première intervenante à entrer en scène, la conseillère communale Mirjam Ballmer, directrice de l’enfance, des écoles et de la cohésion sociale, a d’abord tenu à mettre l’accent sur l’un des derniers projets concrets de l’exécutif en la matière: «En réponse à un postulat, nous venons de procéder à un état des lieux du cadre de vie des enfants et des jeunes, à Fribourg. Une stratégie, baptisée «Grandir en ville de Fribourg», a ainsi été mise en place la semaine dernière dans l'objectif de créer un cadre de vie optimal pour les enfants et les jeunes de la ville jusqu’à 25 ans. Elle propose un catalogue de 50 mesures pour mieux les intégrer à la société.»


«Nous sommes trop souvent considérés comme une Université uniquement francophone», déplore sa rectrice Astrid Epiney.

Rectrice de l’Université de Fribourg, Astrid Epiney a d’abord relevé l’excellente collaboration entretenue tant avec la Ville de Fribourg qu’avec les autres Hautes écoles spécialisées de la place avec qui elle travaille sur de nombreux projets. Concernant l’impact économique de l’Université, elle a articulé un chiffre qui vaut son pesant d’or: «Selon une étude réalisée il y a deux ou trois ans, pour chaque franc injecté par l’Etat de Fribourg dans notre institution, ce dernier en gagne deux. C’est pas mal quand même!» Avec 20% de ses étudiants, 40% de ses professeurs et même 50% de ses collaborateurs scientifiques de nationalité étrangère, l’Alma Mater contribue grandement au rayonnement de Fribourg à l’étranger. Le seul bémol déploré par Astrid Epiney, hormis les soucis récurrents de construction qui sont plutôt du ressort du Canton: «Le bilinguisme n’est pas assez valorisé, estime-t-elle. Depuis quatre ou cinq ans, nous avons en effet perdu de l’intérêt outre-Sarine où nous sommes trop souvent considérés comme une Université uniquement francophone. Il y a là un vrai défi à relever, en partenariat avec la Ville, pour corriger cette image.» «La filière de l’apprentissage doit être valorisée»

Rico Baldegger, directeur de la HEG Fribourg.

Directeur de la Haute école de gestion (HEG) Fribourg, Rico Baldegger a lui aussi mentionné un chiffre révélateur révélateur: «Les deux tiers de nos étudiants suivent une formation en cours d’emploi et ils sont donc en contact avec la réalité du terrain.» Selon lui, il reste pourtant un effort à fournir en ce qui concerne les projets de recherche appliquée qui ne sont pas assez nombreux. «Nous pouvons faire mieux dans ce domaine car on sait que l’innovation est un des principaux enjeux pour les PME à l’avenir. En revanche, je crois que notre formation à la fois théorique et pratique répond aux attentes des entreprises. Je l’espère en tout cas. Nous incitons par ailleurs nos étudiants à créer une entreprise dans le cadre de leur formation et pas seulement de façon fictive. Ils doivent aussi en démontrer l’efficacité sur le marché.» Quant à Claude Mauron, directeur et propriétaire de la société Robert Mauron SA active depuis 1939 dans les techniques du bâtiment, il reconnaît que le transfert entre les mondes académique et économique se fait déjà. «J’ai par exemple eu la chance de proposer un travail de Master dans le cadre de mon entreprise à une étudiante de la HEG, illustre-t-il. Toutefois, à mon avis, on peut encore intensifier ces échanges.» De manière plus large, Claude Mauron a regretté que les jeunes ne soient pas suffisamment orientés vers les filières de type CFC ou AFP. Une rencontre entre les responsables de l’économie et de l’éducation serait donc la bienvenue à ses yeux. «Il est vrai aussi que beaucoup trop de ruptures de contrats en début d’apprentissage font baisser les bras de certains formateurs et nous devons travailler sur cet aspect», admet celui qui est aussi président de commission d’apprentissage dans le domaine des techniques & enveloppe du bâtiment.

Directeur et propriétaire de l'entreprise Robert Mauron SA fondée en 1939, Claude Mauron roule pour l'apprentissage.

«Notre système dual est jalousé à l’étranger, a souligné dans le public Alain Deschenaux, directeur du groupe Nordmann. Pour assumer la transition énergétique, il va par exemple nous manquer 300 000 professionnels dans nos entreprises. Comment faire pour valoriser et promouvoir la voie de l’apprentissage?» Invité à répondre à cette question, Claude Mauron apporte une réponse convaincante: «Nos apprentissages ouvrent toutes les portes et garantissent un emploi sûr. En plus, sans nos métiers, vous aurez froid cet hiver et vous n’aurez pas d’électricité ni de panneaux photovoltaïques. Comment motiver encore plus les orienteurs professionnels?» Pour Rico Baldegger, les compétences doivent primer sur les diplômes. Selon lui, «une réflexion s’impose» et Astrid Epiney, notamment, se dit ouverte à la discussion

La conseillère communale Mirjam Ballmer souhaite de meilleures conditions cadres en faveur des femmes.

De son côté, la rectrice de l’Université de Fribourg souhaiterait une meilleure représentativité des femmes dans le monde économique. «Aujourd’hui, par exemple, 30% de nos professeurs sont des femmes alors que ce taux n’était que de 19% il y a dix ou douze ans. Certes, c’est mieux mais il y a encore de la marge quand on sait que nous comptons près de deux tiers d’étudiantes au sein de notre institution», souligne-t-elle, précisant au passage que deux conseillères fédérales et la présidente de la direction générale du Groupe CSS, par exemple, ont toutes trois étudié dans la cité des Zaehringen. De l’avis de Mirjam Ballmer, «il faudrait investir davantage dans des conditions cadres favorables aux femmes, notamment en matière d’accueil extrafamilial. «Pour chaque franc dépensé dans une crèche, trois francs bénéficient à la collectivité publique», avance la conseillère communale. Quant au mot de la fin, il est laissé à l’invité final de cette rencontre annuelle de l’économie, le mentaliste Federico Soldati, dont les tours ont véritablement bluffé l’assistance: «La meilleure façon de prévoir le futur, c’est de le créer! C'est un concept dangereux mais intéressant...»

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