Après douze ans à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg, René Jenny a transmis le témoin à Claude Gremion lundi soir. Il lui remet une CCIF saine et forte aussi bien sur les plans économique, financier que politique. De bon augure alors que les défis à relever par les entreprises sont plus nombreux que jamais. «1120 fois merci!» C’est au nom de tous les membres de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg que René Jenny a été chaleureusement remercié, puis ovationné, lors de l’assemblée générale tenue à Forum Fribourg. Et c’est avec une pointe d’émotion dans la voix que celui qui a été qualifié de «plus beau habillé des présidents de tout le monde» a accueilli sa nomination en tant que président d’honneur de la CCIF. «Je suis particulièrement honoré et très ému par votre marque de reconnaissance. Je pourrai ainsi continuer à être invité aux assemblées générales et, peut-être, aux Apéritifs du printemps pour pouvoir suivre les affaires de la Chambre. Je vous en remercie sincèrement», a-t-il confié, la gorge serrée, avant de plaisanter: «J’aurais d’ailleurs été déçu si je n’avais pas été nommé...»
Avant cette séquence émotion, René Jenny aura eu l’occasion de livrer son dernier rapport annuel, alternant le chaud et le froid. «De la pandémie de coronavirus à la guerre en Ukraine: une nouvelle crise se superpose à la précédente. En énumérant le nombre de défis et de crises qui se sont accumulés au cours de ces douze derniers mois, je constate que nous en comptabilisons presqu’autant que pendant les dix dernières années. L’incertitude, ce poison que les entreprises détestent, atteint des degrés jamais vus», a ainsi déploré René Jenny.
Les entreprises ont su s’adapter avec brio
Au moment de déposer son fameux nœud papillon, après douze ans de présidence, cet «indécrottable optimiste» – selon ses propres termes – a tenu à féliciter une dernière fois les entrepreneurs de ce canton. «J’ai l’énorme plaisir d’observer au quotidien que les entreprises ont jusqu’ici su s’adapter. Et avec quel brio! Le premier semestre 2022 a ainsi été très solide pour la grande majorité des PME du canton», se réjouit René Jenny, qui appelle toutefois à «rester vigilant face aux nuages sombres qui s’amoncellent».
«A la Chambre, nous travaillons sans relâche à améliorer les conditions cadres qui doivent vous permettre de mieux négocier cette période particulièrement incertaine, a rappelé le président sortant. Au sommet des priorités, nous nous engageons en faveur d’une loi cantonale pour l’encouragement à l’innovation. Sa nécessité nous a sauté aux yeux dès le printemps 2020 alors que nous travaillions sur un plan de relance cantonal. Nous sommes convaincus que le canton dispose d’une marge de manœuvre pour stimuler plus vigoureusement l’innovation et en faire un but en soi.»
Stimuler encore plus l’innovation dans le canton
A l’interne, la CCIF a développé un service d’encouragement à l’innovation «Digital management», doté de deux personnes, qui est à disposition de tous ses membres. «La transition énergétique fait partie de nos priorités importantes, ajoute René Jenny. Dans ce contexte, nous avons ainsi développé Carbon Fri avec nos partenaires et décerné à ce jour 56 labels. Nous veillons enfin à ce que la future réforme fiscale des entreprises, qui sera adoptée l’année prochaine au niveau fédéral, afin de se conformer aux nouvelles exigences internationales, ne soit pas défavorable au canton de Fribourg. Les périodes de transition sont porteuses d’opportunités. Sachons les saisir.»
Elu il y a douze ans, «avec l’ambition de redéfinir la vision, la stratégie et les missions de la CCIF pour défendre efficacement les intérêts des entreprises fribourgeoises», René Jenny ose assurer aujourd’hui, «sans fausse modestie», que cette dernière a su développer et mettre en place cette stratégie et redéfinir ses missions. Ces dix dernières années, la Chambre a mené une importante réforme de sa gouvernance afin de consolider son fonctionnement opérationnel et financier. Les statuts ont été modifiés en 2012 et, dès 2013, le conseil d’administration a été redimensionné et optimisé pour répondre aux défis actuels posés par la démographie, la mobilité et les adaptations liées au changement climatique. Un Observatoire de l’économie fribourgeoise a aussi été créé. De plus, durant la pandémie, la CCIF a grandement contribué à réaliser un plan de relance en quelques semaines seulement.
Partenaire unique et reconnu de l’économie
«Durant ma présidence, j’ai toujours travaillé en accord avec trois principes: la simplicité, l’efficacité et la rapidité. Trois principes qui doivent se conjuguer et qui sont mon leitmotiv quotidien», a-t-il insisté. A l’heure de passer le témoin au nouveau président Claude Gremion, avocat et administrateur indépendant depuis 2016, René Jenny a relevé le travail en équipe effectué au sein de la CCIF sous son règne. «Notre association s'est positionnée comme une interlocutrice unique et reconnue de l'économie régionale», a-t-il notamment mis en lumière.
«Je pars en laissant une Chambre saine et forte aussi bien sur les plans économique, financier que politique. Elle est ainsi dans les meilleures dispositions possibles pour aborder et entreprendre les multiples défis qui se présentent et qui, pour certains, nous accompagneront encore durant des décennies. Nous pouvons et devons agir pour dynamiser les entreprises, les soutenir, les appuyer», prêche René Jenny. Selon lui, le manque de terrains à disposition de nouvelles entreprises dans le canton reste handicapant, tout comme la force du franc, la dénonciation de l’accord-cadre entre la Suisse et l’Union européenne – qui est un «réel danger pour les entreprises exportatrices» – ou encore, plus localement, l’échec de la fusion du Grand Fribourg.
Elu lundi soir par acclamation, Claude Gremion a tenu d’emblée à rassurer ses troupes. «Comme manager, chef d’entreprise, il n’y a rien de pire que l’incertitude et, en ce moment, on atteint un niveau jamais vu, incroyable, s'est-il inquiété. La CCIF doit donc jouer son rôle à vos côtés et vous permettre d’appréhender au mieux l’avenir de votre entreprise dans son marché, dans son environnement, et vous donner les solutions pour répondre à vos besoins et vous aider à maîtriser la complexité que nous vivons actuellement.»
Contribuer à la sérénité entrepreneuriale
Selon cet artisan de la fusion entre les EEF et ENSA, qui a débouché sur la création de Groupe E en 2005, le réseautage, les services, les formations, le soutien à l’innovation, la transformation digitale, le développement durable et finalement la défense des intérêts des entreprises dans les rapports public privé sont les ingrédients de cette valeur ajoutée que doit apporter la CCIF à ses membres. «Réduire d’un certain degré l’incertitude dans la gestion de votre entreprise au quotidien, c’est vous apporter de la sérénité, a conclu le nouveau président de la Chambre. Le message que j’aimerais que vous essayiez de retenir ce soir, c’est que, dans ma nouvelle fonction présidentielle, je vais tenter de contribuer à votre sérénité entrepreneuriale.»
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